L’énergie, moteur de la révolution industrielle
Le feu, le vent, la force hydraulique et la puissance des hommes et des animaux ont longtemps constitué les seules sources d’énergie. Puis, en 1784, l’invention de la machine à vapeur par James Watt a marqué un tournant décisif. Avec elle, l’usage du charbon, suivi du pétrole et du gaz, a transformé nos vies, déclenchant des révolutions industrielles qui ont amélioré le confort, la santé et l’espérance de vie. L’énergie est devenue une ressource indispensable, directement liée à une croissance économique spectaculaire, mais elle pose aujourd’hui une question fondamentale : comment garantir une énergie accessible, fiable et respectueuse de l’environnement ?
Le nucléaire en France : un modèle abandonné
La France, dans les années 70, a fait un choix audacieux en développant un parc nucléaire qui produisait jusqu’à 75 % de son électricité grâce à 58 réacteurs. Ce modèle, le plus décarboné au monde, émettait deux fois moins de CO2 que l’éolien, douze fois moins que le photovoltaïque, et cent fois moins que le gaz. Pourtant, des décisions politiques ont progressivement affaibli ce pilier stratégique. La fermeture du surgénérateur Super Phénix en 1997, capable de valoriser les déchets nucléaires, a marqué une première rupture. Ce désengagement s’est poursuivi avec la fermeture de Fessenheim en 2020, réduisant notre capacité de production pilotable.
Les limites des énergies renouvelables
En parallèle, la France s’est engagée dans une politique de soutien massif aux énergies renouvelables. Ces investissements, bien que significatifs, n’ont pas permis de résoudre le problème d’intermittence propre à ces sources. L’éolien terrestre ne produit de l’électricité que 20 à 25 % du temps, l’éolien offshore 40 à 45 %, et le solaire à peine 10 à 20 % sous nos latitudes. Cette situation oblige à doubler ces installations par des centrales à gaz, augmentant les contraintes sur notre réseau. RTE a mis en garde contre ces limites, notamment en cas de grand froid.
Les défis européens : le poids de l’Allemagne
L’Union européenne a également joué un rôle dans ces choix. Sous l’influence de l’Allemagne, des décisions ont été prises pour exclure le nucléaire des aides d’État pour l’énergie verte et des green bonds, tout en favorisant le gaz, pourtant cent fois plus émetteur de CO2. Paradoxalement, alors que le nucléaire est reconnu par le GIEC et l’Agence internationale de l’énergie comme une solution clé pour le climat, l’Allemagne a abandonné cette énergie au profit du gaz russe et des centrales à charbon. La France doit aujourd’hui défendre sa spécificité face à ces orientations.
Les solutions pour l’avenir : relancer le nucléaire
L’avenir énergétique de la France passe par une relance du nucléaire. En 2050, la demande électrique pourrait doubler pour atteindre 1000 TWh. Pour y répondre, il faudra construire 40 à 50 réacteurs EPR d’ici 2060, développer le projet CIGEO pour le stockage des déchets ultimes, et rétablir le rôle central du CEA dans la recherche et développement. Le nucléaire de 4ᵉ génération, utilisant les déchets des réacteurs précédents comme combustible, pourrait garantir notre indépendance énergétique pour plusieurs siècles.
Un appel à l’action : informer et repenser
Il est essentiel d’informer et de former les citoyens sur les avantages et les risques maîtrisés du nucléaire, incomparables avec les dégâts causés par les énergies fossiles. Les limites des énergies renouvelables, leur dépendance aux matériaux rares, et les contraintes qu’elles imposent doivent être abordées avec lucidité. L’électricité n’est pas un bien ordinaire. Elle est stratégique et relève de l’intérêt public. La France doit repenser sa politique énergétique et son rôle en Europe pour reprendre le contrôle de son avenir.
Quelques liens pour étendre la recherche
- Part du nucléaire dans la production d’électricité en France :
- Le parc nucléaire français est composé de 57 réacteurs à eau pressurisée en service, répartis entre 18 centrales à travers l’hexagone.
- Émissions de CO₂ par source d’énergie :
- Les émissions de CO₂ par kilowattheure (kWh) produit sont estimées à environ 6 g pour le nucléaire, entre 3 et 22 g pour l’éolien, 60 à 150 g pour le photovoltaïque, et 883 g pour le gaz naturel.
- Facteur de charge des énergies renouvelables :
- Le facteur de charge moyen est de 20 à 25 % pour l’éolien terrestre, 40 à 45 % pour l’éolien en mer, et 10 à 20 % pour le solaire photovoltaïque sous nos latitudes.
- Objectifs de production électrique en France à l’horizon 2050 :
- Selon les projections, la demande électrique pourrait atteindre 1000 TWh en 2050, nécessitant une adaptation du mix énergétique pour répondre à cette augmentation.
Quelques questions à se poser pour prolonger le débat
Nous proposons maintenant un ensemble de 19 questions stimulantes pour élargir le débat sur la politique énergétique en France et en Europe. Ces questions abordent les défis du nucléaire, des énergies renouvelables, des choix européens, des enjeux technologiques, de l’opinion publique, et des dimensions économiques, offrant une perspective complète pour réfléchir à l’avenir énergétique.